Louise Jourdan
Psychologue clinicienne

Un projet de loi est en étude concernant le remboursement des séances chez le psychologue clinicien en libéral. Effectivement on peut s'en réjouir, mais l'ensemble de la profession est contre le projet actuel car celui-ci entrave notre pratique et ne nous permet pas de recevoir nos patients dans de bonnes conditions.

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Je ne participe pas à ce conventionnement de la CPAM, les honoraires restent donc à votre charge. Certaines mutuelles prennent en charge une partie du suivi. Vous pouvez trouver en bas de cette page des infographies qui résument la situation.

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Mais pour que cela soit clair je vous explique aussi pourquoi la majorité des psychologues ne font pas partie de ce dispositif.

 

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Premièrement, il faut savoir que l'ensemble de la profession est mobilisée depuis de nombreuses années pour faire avancer la santé mentale et la prise en charge de celle-ci par la CPAM. À force de travailler sur un possible remboursement, il y a eu enfin un début d'expérimentation dans certaines régions mais sans réelles avancées. Et puis en 2020 voilà qu'un virus fait son apparition, isole les gens et accentue les difficultés psychiques de la population. C'est de là que ressort une nouvelle proposition de loi. À la base avec un super fond. Notre métier est "essentiel" pour assurer la santé mentale de la population, GÉNIAL ! À nous le remboursement pour tous les patients sans conditions, peu importe leurs problèmes ou leur façon d'être venus nous.

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Mais voilà ça se gâte... Nous les psychologues ravis de cette avancée, nous voilà à regarder dans le détail la proposition de loi et là on déchante. N'ayant pas été concertés, elle ne prend pas du tout en compte la réalité du terrain.

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En tant que psychologue nous avons un code de déontologie pour permettre de recevoir et accompagner toute personne de la façon la plus aidante et bienveillante. Mais voilà la proposition de loi, elle ne prend pas compte tout ça...

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Jusqu'à présent le patient décide par lui-même de venir consulter (ce qui permet un vrai engagement puisqu'il nous a "choisi" et est prêt pour une suivi). Vous allez me dire que la personne peut aussi venir sous les conseils de son médecin traitant. Effectivement sous les conseils mais jamais en étant pousser. Nous arrivons donc au premier point de conflit sur ce remboursement.

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- le patient est remboursé si son médecin lui prescrit des séances (8 au maximum).

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Je vous explique, plus possible de venir directement chez le psychologue parce que vous avez décidez. On passe d'abord par la case médecin, qui prescrit les séances et donc qui peut intervenir dans le suivi et demandera donc un retour sur la prise en charge. Oui, on travaille avec les médecins mais ensemble, sans qu'ils soient prescripteurs et qu'ils décident de ce que nous devons faire pendant nos séances. Et oui parce que dans ce remboursement vous venez pour ce que le médecin a décidé que vous devez travailler pas autre chose sinon plus de remboursement. Et oui, ça commence à être déjà moins sympathique. Vous perdez donc votre liberté de choisir votre suivi et la façon dont vous voulez travailler. Et normalement, cela fait partie du code de déontologie.

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Attendez, c'est pas fini, ça encore on peut se dire "oh ça va, on va se débrouiller et trouver comment travailler ensemble". Mais on rajoute les critères de remboursement. Ah non désolé pas tout le monde est remboursé. Ça dépend de votre âge, de votre pathologie ou des problèmes rencontrés. On fait donc un trait sur le remboursement universel, on doit donc faire donc des différences entre les personnes que l'on reçoit.

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- Le médecin prescrit les 8 séances maximum si vous rentrés dans certaines cases : troubles anxieux, troubles dépressifs. Sont exclus les troubles alimentaires, les troubles du sommeil, les difficultés familiales (liste non exhaustive bien sûr). Et si vous êtes anxieux et qu'il en découle des troubles alimentaires et du sommeil, vous êtes plus remboursé. Il ne faut avoir aucun traitement de prescrit (anxiolytiques et anti-dépresseurs) alors que la grande majorité des patients qui viennent nous consulter sont sous médicaments...

Pour rentrer dans le processus il faudra donc être passer à la "moulinette" des tests et des bilans. Et cela commence dès le médecin généraliste, qui a pour la plupart du temps aucune formation en psychologie clinique (et donc on peut passer à côté du diagnostic).

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- Après la prescription médicale, le patient rencontre une première fois le psychologue clinicien qui fait une évaluation et le renvoie vers le médecin. Puis si le médecin et la CPAM donnent leur accord, on est parti pour 8 séances (plus les documents à remplir, donc un peu plus de boulot pour nous). Le nombre de séances sera renouvable une fois par un an et toujours sous prescription médicale (on est obligé de repasser par le médecin et départ à la case départ).

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Et il reste encore des conditions et pas des moindres... Avec ce projet nous perdons notre liberté d'aider et d'accompagner les patients à leur rythme. Nous nous retrouvons aussi à faire notre travail de façon dévaluée et "uberisé". Puisque c'est à la CPAM qui rembourse c'est la CPAM qui décide de ce que nous faisons dans nos séances et des outils que nous devons utiliser. Pire on nous mets même un limite de temps par patient et on nous impose des honoraires non dépassable.

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- 1ère séance d'évaluation à 40 euros (non dépassables) dont 32 euros  par la sécurité socale et 8 euros pas les mutuelles et séances suivantes 30 euros non dépassable (22 euros pris en charge par la sécurité sociale et 8 euros par les mutuelles).

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C'est sur ce point là que le dispositif à la plus grosse répercussion. On se retrouve à faire du travail à la chaîne pour pouvoir rentrer dans nos frais (qui sont souvent de 50-60% par séance selon les endroits où l'on exerce). Le travail du psychologue clinicien est de réfléchir et de faire réfléchir et pour cela nous avons besoin de temps, autant le patient que le psychologue. Nous nous retrouvons sans temps pour prendre nos notes, réfléchir à la situation. À la place nous remplirons des papiers administratifs avec le patient. Le temps réel de travail avec le patient sera plutôt alors de 5-10 min (sans le temps administratif et reprise de rendez-vous).

Pour nous psychologues mais aussi pour les patients nous nous retrouvons tous à faire du travail de moindre qualité et finalement à ne pas aider les personnes accueillies, ce qui fera, sur le long terme, que la prise en charge par le psychologue n'est pas efficace dans ces conditions.

Il faut aussi prendre en compte que puisque le patient n'avance aucun frais,nous sommes rémunérés à la fin du suivi (après les 8 séances et avec le délai de remboursement, soit des mois après ! Il est donc pas possible de tenir face aux frais...)

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Avec la COVID, le gouvernement a décidé de rembourser les séances pour les enfants cette année. Mais avec les mêmes conditions que dans le projet de remboursement. C'est pour les raisons évoquées plus haut que je ne participerais pas à ce dispositif. Pour que tout le monde est accès aux soins psychiques de qualité je ferais donc comme à mon habitude :

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- les honoraires sont adaptés en fonction de la personne rencontrée

- les séances durent le temps nécessaires pour travailler (1h au premier rendez-vous et 45 min au suivant)

- il n'y a pas de personnes qui n'auront pas d'accompagnement à cause de leurs problématiques

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En conclusion, nous sommes tous pour un remboursement mais un remboursement juste n'est pas maltraitant pour le patient ou le psychologue. L'ensemble des suivis devraient être pris en charge, peu importe l'âge, les problématiques et le temps de suivi.

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Effectivement rembourser à 100% compte beaucoup à la CPAM mais alors on peut s'appuyer sur les mutuelles. Le projet que les psychologues soutiennent est sur un remboursement à 100% qui s'appuie sur une mutualisation des frais entre la sécurité sociale et les mutuelles.

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Merci d'avoir lu jusqu'ici, nous avons tous besoin de votre soutien et votre mobilisation pour une juste prise en charge des soins psychiques. Informez-vous, parlez-en autour de vous !

Je vous laisse en lien plusieurs documents pour creuser et mieux comprendre.

 

https://www.facebook.com/manifestepsy/

https://psychologues.org/actualites-single/assez-la-colere-persistante-des-psychologues/